Dessiner un homme

En matière de création, je fais une confiance totale à l’instinct.

Quoi de plus banal pour un artiste que de dessiner ou peindre un modèle nu ! Mais pour Thierry Vernet, cette démarche a pris un jour une importance essentielle dans sa vie : C’est la rencontre d’un homme qui a tout fait basculer !

 » Je me réveille avant lui, je le regarde, je tire un carnet à dessin de dessous mon oreiller. Je le dessine, c’est un animal. Son air d’ours s’épanouit. Il ouvre un oeil, plutôt il glisse un regard. Voyant que je le regarde, il dort « encore plus ».

Et puis mon frère mort. Il est mort le jour de ma puérile revanche. Ce jour où j’ai manifesté publiquement le goût que j’avais si longtemps dissimulé. C’était un peu bête, en effet que de convoquer tous les oncles et tantes, cousins, cousines, amis pour leur montrer des dessins d’hommes nus. D’un homme nu. Enfantin. Mais ce qu’il urgeait de faire et qu’on a pas fait, il faut bien le faire plus tard. Tant pis pour le ridicule. Et voilà que mon frère meurt la veille du vernissage, comme pour dire qu’il appartenait à mon passé, que désormais ma vie était ma vie, qu’il n’y prenait plus part.

Th. Vernet 1982

D’autres dessins de Th. Vernet à découvrir dans les galeries

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Th. Vernet : sur les traces de Van Gogh

Extrait de la revue « Repère »

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Amoureux à « la Gravière »

Après leur retour de Ceylan, après leur mariage, Thierry Vernet et Floristella Stephani, se chercheront un lieu de vie pour peindre, s’aimer et inviter leurs amis.

La famille Vernet possèdait une ancienne maison de pêcheur sur le bord du lac Léman près de Nyon ( Suisse ). Après quelques rénovations et rafraîchissements, le lieu est rendu habitable et le couple s’y installera de septembre 1955 à l’automne 1957. Puis partira s’établir définitivement à Paris.

 » Pépé, ce coup-ci vraiment on est dans nos meubles. Je t’écris peinard de mon atelier lumineux, en haut. Le poêle à mazout ronronne, bien qu’il y ait du soleil. Mais un soleil de fin de septembre, bien pâle. Il y a de la bise, le lac est argenté, tout bruisse. Le boulot remonte comme une sève; on est encore un peu intimidés par cette nouvelle vie; mais ça va éclore, demain ou après-demain. Je n’ai jamais eu un atelier si clair, nous n’avons jamais baisé sur un lit si large et si parfait, on a jamais appuyé sur des boutons aussi utiles. Pour fêter on a acheté un 33 tours de Mouloudji. ça a rythmé les derniers coups de pinceau. Du vrai bonheur.

La Gravière mercredi 27 sept. 1955 Lettre de Th. Vernet à Nicolas Bouvier

Bon vieux chaque jour nous travaillons. Régulièrement. C’est lent. On a l’impression de défricher une jungle immense au coupe-coupe. Comme ça, tranquillement on est dans le plein de l’existence. Comme je te l’ai dit la semaine a été occupée à cet envoi de toiles en Allemagne. Ce n’est pas grand chose, ce n’est pas très important peut-être, mais ça m’a ému et fait un plaisir probablement disproportionné. Les toiles une fois envoyées j’ai retrouvé le calme et le sommeil. On a encore des excitations de petits garçons. La môme va bien, elle bosse le plus possible à sa peinture…

La Gravière Mercredi 20 juin 1956 Lettre de Th. Vernet à N. Bouvier

Extrait de  » Correspondance des routes croisées. Ed. ZOE

D’autres images de la Gravière ici

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Thierry Vernet au théâtre : les décors

Toute sa vie Th. Vernet a oeuvré pour le théâtre. Des dessins, aquarelles, maquettes et photographies en témoigne. Ces commandes  » alimentaires » lui offraient aussi l’opportunité de rencontres et d’amitiés enrichissante, comme celle qu’il a entretenu à Sarah Ventura et Robert Dunand à Genève.

Décor vénitien : maquette Th. Vernet
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Istanbul fait toujours rêver !

Bonjour,

Je suis en voyage à Istanbul et, en fouillant une vieille malle remplie de photos en noir et blanc, j’ai trouvé ce dessin 🤔, j’aime à croire qu’il est de Thierry Vernet.

Ce qui est drôle, c’est que je suis passée par Belgrade en venant en Turquie, et que une fois en Serbie, je me suis souvenue de “L’usage du monde” que j’ai commencé à relire, j’ai eu la musique des Balkans dans une oreille et le livre dans l’autre main (en vrai c’est un pdf chargé sur mon téléphone et tablette 🙄🥺 mais c’est moins joli), grâce au récit des 2 amis j’ai visité le quartier de Sajmiste et tremblé parmi les âmes en peine qui me frôlaient, j’ai continué de déchiffrer ma tablette puis j’ai oublié. Ensuite j’ai rejoint Sofia qui m’a abreuvée de son eau aux propriétés salutaires puis le train jusqu’à Istanbul a été un enchantement. Je n’ai pas attrapé le syndrome de Stockholm en Suède, ni celui de Florence en Toscane, quoique. Par contre quel(s) chamboulement(s) aux portes de l’Orient. Il faudrait inventer un terme pour le syndrome correspondant. Dans un petit café qui ne payait pas de mine, j’ai eu envie de relire quelques lignes sur le passage des apprentis voyageurs d’antan. Puis j’ai voulu oublier, agacée par cette lecture électronique, je rêvais du bruit du papier, de l’odeur des pages, de la texture douce et râpeuse de quelques feuillets. J’ai repris le chemin des dédales encombrés de Kadiköy et me suis engouffrée dans une vieille boutique d’un autre temps. J’ai troqué les passants pressés par des piles de livres en équilibre. “Les livres en français ?” “Au sous-sol s’il vous plaît !” Bah j’y ai eu droit à mon shoot de vieilles lignes écrites sur de vieilles pages toutes jaunies. Lasse de ne pas trouver l’”Usage”, me suis assise sur une antique chaise en bois qui était comme Félicie, bancale, et j’ai plongé tête la première dans une malle remplie de photos d’illustres inconnus. Et j’ai vu ce dessin, j’ai souri en pensant à Belgrade et mes ambitions optimistes chez les antiquaires de là-bas, à la recherche d’une trace des deux poètes. Je n’en ai pas trouvé d’autres de ce genre au fond de la vieille malle. J’ai payé 10 livres turques, l’antiquaire-libraire m’a donné un sac plastique, il pleut sur Istanbul.

Sandrine

Le dessin en question n’est pas de Thierry Vernet, mais il vous aura permis, chère Sandrine, de rêver un moment et de voyager en imagination avec les deux artistes sur les routes des Balkans et de l’Orient. Merci de votre sympathique message.

Et voici deux dessins de Thierry Vernet extraits de L’Usage du Monde ( N. Bouvier )

Istanbul
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Thierry Vernet au théâtre : les costumes

La contribution de Thierry Vernet au théâtre est magnifique et méconnue. Certes, il s’agissait d’abord d’un gagne-pain complémentaire à la peinture, mais en regardant tous les croquis, maquettes et esquisses, on ne peut être que saisi par la qualité et la créativité de ceux-ci. Oui, c’est une véritable passion qui animait Th.V. pour le théâtre, lieu aussi de rencontres, d’amitiés et d’évasion…

« Malgré des soutiens fidèles, l’état de peintre ne suffisant pas toujours à assurer la totalité du nécessaire, il m’arrive de m’adonner à des activités annexes, notamment celle de décorateur de théâtre. J’y trouve l’occasion de me livrer un peu à l’agitation de peindre en grand, de faire de l’architecture, d’exercer mon sens pratique et d’avoir des relations non platoniques avec les mots et la musique.” Th. Vernet

”Thierry Vernet, peintre, ce qui est un grand bonheur continuel, mais pas sans périls. Pour en esquiver quelque-uns et pour mettre des épinards sous un beurre hypothétique, je me suis mis, tôt, à traîner des brosses dans des ateliers de décors et sur quelques scènes qui voulaient bien. J’y ai ajouté au fil des ans des marteaux et des clous, puis je me suis occupé à vêtir ceux qui sont en slip ou en soutien-gorge et les ai affublé de crinolines, justaucorps et perruques. Ayant appris sur le tas que “le théâtre c’est tout le théâtre”, j’ai tâté, d’un engagement à l’autre, du répertoire le plus varié…”

Affiche de la Comédie Française 1969

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Floristella : la dame aux chats

Floristella et les chats par Th. Vernet
Femme à table : probablement Floristella par Th. Vernet
Moustache dit chouchou _ Huile Th. Vernet
Floristella Stephani
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Une aquarelle de Floristella par Thierry V.

Floristella par Th. Vernet 1966 – Collection privée

Assise sur un fauteuil, Floristella regarde le peintre, son mari Thierry Vernet. Un pull noir et un pantalon beige recouvrent sa fine silhouette et ses cheveux noirs, bien coupé au carré. Deux pivoines rouges dans un vase blanc presque transparent rehaussent la couleur du tableau. L’une des fleurs donne l’impression d’embrasser le visage de Floristella. Une tasse de thé et une assiette bleues posées verticalement montrent la modernité du peintre qui aurait pu les présenter horizontalement. Les touches de cette aquarelle de 1966 sont fines et à peine esquissées. Cette peinture est « affectueuse » pour Mme Marie-Louise H. qui a acheté ce tableau au Centre culturel suisse à Paris en 1992, afin d’aider le jeune couple d’artistes.

Sylvie Doriot Galofaro, Historienne de l’art et auteure du livre Une histoire culturelle de Crans-Montana (Alphil, 2017) qui contient les photos du Dr Théodore Stephani, le grand-père de Floristella.

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Cette année là,en 1966, Thierry Vernet et Floristella Stephani, vivent à Paris depuis environ 7 ans et y sont bien installés.

Th. Vernet, en à côté de son travail de peintre, travaille très régulièrement pour le théâtre . Il expose même une série de décors au Théâtre de Paris. Il contribue aussi à la création des « Caprices de Marianne » de Musset pour le théâtre de l’Athénée ou encore pour la compagnie Atelier 65 qui mets en scène différentes pièces de ONeil.

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