En matière de création, je fais une confiance totale à l’instinct.
Quoi de plus banal pour un artiste que de dessiner ou peindre un modèle nu ! Mais pour Thierry Vernet, cette démarche a pris un jour une importance essentielle dans sa vie : C’est la rencontre d’un homme qui a tout fait basculer !
» Je me réveille avant lui, je le regarde, je tire un carnet à dessin de dessous mon oreiller. Je le dessine, c’est un animal. Son air d’ours s’épanouit. Il ouvre un oeil, plutôt il glisse un regard. Voyant que je le regarde, il dort « encore plus ».
Et puis mon frère mort. Il est mort le jour de ma puérile revanche. Ce jour où j’ai manifesté publiquement le goût que j’avais si longtemps dissimulé. C’était un peu bête, en effet que de convoquer tous les oncles et tantes, cousins, cousines, amis pour leur montrer des dessins d’hommes nus. D’un homme nu. Enfantin. Mais ce qu’il urgeait de faire et qu’on a pas fait, il faut bien le faire plus tard. Tant pis pour le ridicule. Et voilà que mon frère meurt la veille du vernissage, comme pour dire qu’il appartenait à mon passé, que désormais ma vie était ma vie, qu’il n’y prenait plus part.
Th. Vernet 1982
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